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dimanche, octobre 23, 2011

L'invasion des zombies gagne Montréal

Ils nous encerclaient déjà, les voilà à Montréal. Une grande marche de zombies envahira les rues aujourd'hui dans le cadre du festival de films de genre SPASM. Ces défilés sanglants, ludiques ou revendicateurs, se multiplient. Début octobre, des morts-vivants se joignaient au mouvement Occupons Wall Street, et on a vu de ces morbides défilés autant à Toronto qu'en Europe. Les morts-vivants cannibales semblent gagner de plus en plus de place sur le terrain de nos obsessions.

Ils sont partout, de Zombie Boy au jeu vidéo Dead Rising. Dans les écarlates films héritiers de La nuit des morts-vivants. Dans la série vedette d'AMC The Walking Dead, qui reprenait l'affiche cette semaine. Pourquoi, maintenant, cette attaque de zombies? Étudiant en littérature, Jérôme Olivier-Allard a eu la morsure, et demeure depuis ses neuf ans fasciné par les zombies, jusqu'à réorienter sa maîtrise pour les étudier. «Quelques articles sérieux voient le zombie comme l'incarnation de craintes nourries par la société de consommation. Il est aussi métaphore d'angoisses contemporaines, de la xénophobie à la paranoïa», a-t-il expliqué, verbomoteur et intarissable, en entretien au Devoir.

Revenues d'entre les morts, ces créatures ne sont pas nées d'hier: les chevaliers pourrissants sont légion dans l'art de la Renaissance. Depuis le XIXe siècle, des protozombies se retrouvent en littérature chez Mary Shelley, Ambrose Bierce et Edgar Allan Poe. H.P. Lovecraft, début XXe, déterre aussi ses défunts. Le mot «zombi» vient de la tradition orale haïtienne, nourrie de légendes africaines: il définit un humain décérébré par le pouvoir vaudou d'un sorcier qui en fait son esclave. «Plusieurs critiques attribuent à George Romero, avec son Night of the Living Dead en 1968 la paternité du zombie contemporain», précise Jérôme-Olivier Allard. C'est ce cinéaste qui en fait un mangeur de vivants, un vrai de vrai monstre.

jeudi, octobre 20, 2011

Mouammar Kadhafi est mort

En Libye, le chef du gouvernement Mahmoud Jibril a confirmé que l'ancien homme fort du pays Mouammar Kadhafi avait bel et bien été tué. Un responsable américain a également affirmé que les autorités lybiennes lui avait confirmé cette information. Plus tôt, des membres du Conseil national de transition avait affirmé que Mouammar Kadhafi avait été arrêté et tué lors de la chute de Syrte, sa ville natale.

Son convoi attaqué
Syrte est tombé aux mains des rebelles et l'OTAN a attaqué un convoi dans lequel, semble-t-il, se trouvait Kadhafi. Des premières informations avaient laissé entendre qu'il était gravement blessé aux deux jambes et à la tête.

L'après Khadafi
La mort de Mouammar Kadhafi signifie un important changement dans la dynamique interne de la Libye, qui passe d'un état d'insurrection et de guerre civile à une période de transition politique. Il s'agit d'une étape délicate, alors que la porte est ouverte tant à la militance extrémiste à l'interne qu'aux interventions de pays voisins qui chercheraient à tirer avantage de vacuum politique.

dimanche, octobre 16, 2011

France: Hollande remporte haut la main la primaire socialiste

François Hollande a réussi sa spectaculaire mue politique dimanche en remportant le second tour de la primaire socialiste française avec une confortable avance sur son adversaire Martine Aubry. L'ancien premier secrétaire de la formation de gauche, entré en campagne il y a un an alors que personne ne croyait à ses chances, a couronné sa montée en puissance en se méritant plus de 56% des voix contre 44% pour l'ex-ministre.

«Je veux offrir à la jeunesse de France une vie meilleure que la nôtre: c'est le rêve français que je veux réenchanter», a-t-il lancé en fin de soirée devant des partisans enthousiastes au siège du parti rue de Solférino à Paris. La «vraie bataille» commence maintenant en vue de remporter le scrutin présidentiel de 2012, a averti le vainqueur. «Demain, nous avons une autre bataille, qui n'a rien à voir avec celle que nous avons vécue. (...) Nous aurons deux adversaires: la droite et l'extrême droite», a-t-il lancé avant de poser pour les caméras avec plusieurs des candidats défaits. Il a profité de l'occasion pour tendre la main à Martine Aubry, qui avait multiplié les déclarations agressives à son encontre entre les deux tours dans l'espoir de rattraper le terrain perdu face.

Après l'avoir qualifié de représentant de la «gauche molle» et de «candidat du système», la politicienne s'était fait reprocher par l'entourage de M. Hollande d'user de la rhétorique de la droite, voire même de l'extrême droite. La Haute autorité de la primaire, chargée de veiller au bon déroulement du scrutin, avait cru nécessaire d'intervenir pour demander aux deux candidats «d'éviter les pièges du dénigrement et l'inévitable enchaînement des polémiques». Martine Aubry avait voulu se montrer rassurante samedi à ce sujet en dressant un parallèle avec le monde du rugby. Les joueurs «se cognent dessus beaucoup plus fort que nous pendant deux mi-temps... et puis ensuite à la troisième mi-temps, ils font la fête ensemble», a-t-elle déclaré.

samedi, octobre 15, 2011

Tony Tomassi: un parcours cahoteux

Campagne électorale 2008. Un changement force l'annulation d'un ralliement partisan qui devait accueillir Jean Charest. À quelques heures d'avis, l'événement est réorienté vers la circonscription de LaFontaine, fief du député Tomassi. Quand la caravane libérale s'est arrêtée, une salle pleine de familles italiennes enthousiastes attendait le chef. La journée est sauvée.

L'anecdote est révélatrice des aptitudes mobilisatrices de Tony Tomassi dans son giron. «Tony, c'était un des nôtres», confie un député libéral. «Le gars qui ne posait pas de problème au caucus. Il était à son affaire. Il s'occupait de son comté, de ses militants, de ses dossiers. Un député sans histoire. Quand il y avait des activités partisanes, il était présent. [...] C'est un gars qui était apprécié. Même par les députés de l'opposition.» Mercredi, le père de Tony Tomassi, Donato, a défendu son fils face aux journalistes qui le cherchaient à sa résidence. Il était aussi à l'activité libérale de LaFontaine, en 2008. M. Tomassi père manquait alors de mots pour dénoncer les péquistes. Donato Tomassi est depuis belle lurette un important collecteur de fonds pour le Parti libéral du Québec (PLQ). Lorsqu'il a pris les rênes de LaFontaine, en 2003, Tony Tomassi n'a pas fait que des heureux. Le député libéral en place, Jean-Claude Gobé, élu de 1985 à 2003 et aujourd'hui à l'Action démocratique du Québec, soutient que des dirigeants libéraux l'ont contraint à démissionner.

«Je sentais une pression», a déclaré M. Gobé, selon l'hebdo Rivière-des-Prairies. «Le père du jeune homme [Donato Tomassi] cherchait un comté pour son fils. [...] C'était très difficile. Ça m'a pris un certain nombre d'années à ressortir de ça et à me regarder dans la glace.»

Expérience : Né en janvier 1971, Tony Tomassi est marié et père de cinq enfants. Dès ses 18 ans, il s'implique avec les jeunes libéraux. Il ne termine pas ses études universitaires en science politique. Sa première expérience en politique active est une candidature conservatrice fédérale en 1993 dans Saint-Léonard-Saint-Michel. Il a 22 ans. M. Tomassi est lessivé avec seulement 8,5 % des voix par le libéral Alfonso Gagliano. Avant d'être élu sous la bannière libérale aux côtés de Jean Charest en 2003, Tony Tomassi a assuré pendant six ans la direction générale de l'entreprise en construction de son père, GENCO.

lundi, octobre 10, 2011

Russie : Ils prouvent l'existence du Yéti à 95%

« Lors d'une expédition dans la grotte Azasskaïa (en Russie), les participants ont collecté des preuves irréfutables démontrant que "l'homme des neiges" vit dans la (contrée de la) Choria montagneuse », a indiqué une équipe de chercheurs américains, canadiens, russes, estoniens et suédois dans un communiqué publié dimanche soir. Cette délégation internationale a en effet assuré qu'elle a réussi à collecter des « preuves irréfutables » de l'existence du yéti dans le Kemerovo, une région de Sibérie.

« Des empreintes de l'homme des neiges, son antre supposée et différents marqueurs avec lesquels le yéti démarque son territoire ont été trouvés. Dans l'une des empreintes découvertes, le scientifique russe Anatoli Fokine a trouvé des poils appartenant potentiellement au yéti », ont par ailleurs détaillé les scientifiques. L'administration régionale a, quant à elle, souligné que ces récentes découvertes prouvent à « 95% que l'homme des neige vit sur son territoire » et que ces trouvailles seront prochainement « étudiées dans un laboratoire scientifique ».

France: François Hollande en avance comme candidat socialiste

François Hollande et Martine Aubry s'affronteront dimanche prochain à l'occasion du deuxième tour des primaires du Parti socialiste. Le député de la Corrèze et la secrétaire du parti ont en effet terminé aux deux premières positions du premier tour tenu aujourd'hui, selon les résultats partiels mais presque complets. Selon le site Internet du quotidien Le Monde, sur plus de 1 737 459 votes, François Hollande obtiendrait 39 pour cent des voix, devant Martine Aubry à 31 pour cent.

Arnaud Montebourg a créé la suprise en arrivant en troisième position à 17 pour cent des voix, devant Ségolène Royal (7 pour cent), Manuel Valls (6 pour cent) et Jean-Michel Baylet (1 pour cent), selon ces estimations basées sur le dépouillement de 661 561 bulletins dans 9350 bureaux de vote. Le candidat Maniel Valls a déjà appelé ses électeurs à se prononcer en faveur de M. Hollande au deuxième tour, le 16 octobre. Les autres candidats ont dit qu'ils donneront prochainement des consignes à leurs partisans.

Plus tôt dans la journée, le premier secrétaire du PS par intérim Harlem Désir s'était félicité d'un «immense succès» et d'une «véritable vague démocratique». «Malgré les obstacles, malgré les épreuves, je peux vous annoncer ce soir que nous avons remporté ce formidable pari démocratique», a déclaré Harlem Désir. «A 17h, la participation sur environ les trois quarts des bureaux de vote (...) était supérieure à 1,5 million de votants», a-t-il annoncé, juste après la clôture du scrutin à 19h, heure de Paris.

«C'est une véritable vague démocratique», a-t-il estimé. «De nombreux Français ont voulu faire une démonstration de force citoyenne mais aussi de fraternité» Pour lui, «c'est un véritable événement historique sans précédent qui vient de se produire en France». C'est la première fois que le Parti socialiste français organisait un tel système, alors que les membres du parti étaient appelés à voter toute la journée pour choisir leur candidat en prévision de l'élection présidentielle, l'année prochaine.

Puisque aucun candidat n'a obtenu 50% des voix aujourd'hui, un deuxième tour doit se tenir dimanche prochain. Le scrutin se déroulait dans près de 10 000 bureaux installés dans des mairies et des écoles, et pour voter il fallait présenter une pièce d'identité, s'acquitter d'au moins un euro de participation aux frais d'organisation et signer un engagement de reconnaissance dans les valeurs de la gauche.

samedi, octobre 08, 2011

Kodak et Yahoo - L'insoutenable concurrence

À bout de souffle, incapables de se renouveler, les deux sociétés, des vedettes en leur temps, sombrent chaque jour un peu plus sans que rien ne semble pouvoir les tirer de leur profonde léthargie La différence d'âge entre les deux sociétés est de 115 ans, mais ça n'a pas d'importance: leurs jours, semble-t-il, sont comptés. Acculées dans une salle où les adversaires sont plus gros, mieux outillés et plus ambitieux, elles vivent un moment crucial de leur existence.

Kodak et Yahoo arrivent à une croisée des chemins qui n'a rien de banal. Alors que la première a été la figure emblématique de la photographie pendant des décennies et que l'autre a défriché les premières terres sur Internet, les voilà unies dans un même rôle gênant, celui de l'acteur incapable de se renouveler.

«Je vois deux parallèles», dit Michael Mulvey, professeur adjoint en marketing à l'École de gestion Telfer de l'Université d'Ottawa. «Les deux ont eu de la difficulté à renouveler leur propre technologie, et les deux, bien qu'innovatrices à une certaine époque, se sont éloignées de ça et ont été doublées par des concurrents dont la technologie était plus performante et mieux mise à profit.»

Yahoo, c'est un peu le cas de Kodak compressé sur une très courte période. Fondé en 1996 par Jerry Yang et David Filo, ce moteur de recherche devenu portail devenu constellation de services en tous genres se cherche depuis plusieurs années un nouvel élan. Une vision globale.

Après que certains actionnaires mécontents eurent intimé à M. Yang de quitter son poste de chef de la direction en 2008, le conseil d'administration a recruté Carol Bartz, une personnalité très forte qui avait dirigé le spécialiste de logiciels graphiques Autodesk avec un succès certain de 1992 à 2006. Or, l'histoire d'amour avec Mme Bartz a été de courte durée.

Après avoir réorganisé la structure de Yahoo, une opération qui s'est soldée par des centaines de mises à pied et un climat de travail empreint de méfiance, elle s'est retrouvée aux commandes d'une société toujours incapable de regagner l'influence perdue dans le monde numérique. Dans le monde de la publicité sur Internet et sur les appareils mobiles, Yahoo n'est pas seule. Outre l'éléphant qu'est Google, qui contrôle plus ou moins la moitié du marché, il y a Microsoft et Apple.

Le 6 septembre dernier, le président du conseil de Yahoo a tout simplement congédié Mme Bartz. Par téléphone. Il n'en fallait pas plus pour que le moulin à rumeurs parle d'une vente ou d'un démantèlement pur et simple.

Le potentiel de Yahoo comme acteur de la publicité en ligne est toujours là, mais le problème est ailleurs, a écrit Shar VanBoskirk, analyste au groupe Forrester, sur son blogue. «Voici son plus grand défi: Yahoo est une société de contenu, un moteur de recherche, un marchand de bases de données, un réseau d'édition, un serveur de publicité, une plateforme de gestion de publicité, mais sans aucune vision générale qui viendrait relier tout ça. [...] Je parie qu'une firme d'investissement va la ramasser pour la vendre en partie.»

Si la diversification trop grande a coulé Yahoo, Kodak, elle, était concentrée sur la photo. Michael Mulvey rappelle même que la compagnie a été la première au monde à concevoir un appareil numérique... en 1975! (http://goo.gl/3FhH2) Mais deux facteurs de taille ont contribué à fragiliser les fondations de son modèle d'affaires, qui tournait autour de la pellicule et du développement de photos.

«Il y a d'abord eu l'assaut des Japonais, dit-il. Puis, il y a eu le numérique.» En effet, les caméras sans pellicule et la possibilité de tout imprimer à la maison — ou de conserver les souvenirs sur un ordinateur — ont tué la vache à lait qui avait fait de Kodak un acteur incontournable de l'industrie américaine au XXe siècle. La compagnie a bien essayé de mettre en marché ses propres imprimantes, mais il y avait aussi des Epson, Canon, etc.

Au cours des dernières années, le chiffre d'affaires d'Eastman Kodak a fondu comme neige au soleil, passant de 10,3 milliards en 2007 à 7,2 milliards en 2010. Les derniers profits remontent à 2007, cela contribuant à vider les coffres: en trois ans, les réserves d'argent comptant sont passées de 3 milliards à 1,6 milliard. Alors que l'action frisait 30 $ il y a quatre ans, la voici autour de 1,40 $.

Solution? Vendre les brevets. Mais pour combien? Et à qui? La même interrogation plane au-dessus de Yahoo. Disons seulement ceci: une vente précipitée déclenchée au dernier moment ne rapporte jamais beaucoup. En 2008, Microsoft avait déposé 45 milliards sur la table pour prendre le contrôle de Yahoo. La réponse du conseil: non merci, on va se débrouiller. Trois ans plus tard, le montant ne sera pas le même.

lundi, octobre 03, 2011

Chicane de banquiers

La bataille se poursuit entre les pouvoirs publics et les grandes banques pour décider si au moins quelques leçons seront tirées de la terrible crise que vient d'infliger le secteur financier à la planète. L'histoire est trop rare et croustillante, dans le monde feutré des banquiers, pour ne pas y revenir. On raconte que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a été violemment pris à partie lors d'une rencontre à huis clos qui s'est tenue il y a une dizaine de jours à Washington et à laquelle participaient une trentaine de banquiers. L'auteur de cette charge verbale en règle était le patron de la puissante banque d'affaires américaine JPMorgan Chase, Jamie Dimon. Il aurait entre autres choses accusé Mark Carney, qui est aussi à la tête du comité de surveillance des marchés financiers mondiaux de la Banque des règlements internationaux (BIS), de s'être fait le défenseur de nouvelles règles bancaires internationales «antiaméricaines». Le ton du banquier américain était, paraît-il, tellement virulent, que l'un de ses confrères, le p.-d.g. de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, se serait ensuite senti obligé d'envoyer un petit courriel au Canadien dans l'espoir d'en arrondir un peu les angles.

Jamie Dimon en avait, semble-t-il, particulièrement contre cette disposition des nouveaux accords de Bâle III prévoyant porter de 3,5 % à 7 % le minimum d'actifs de première qualité que les banques doivent en tout temps conserver en réserve, et allant même jusqu'à ajouter 2,5 % pour les 28 plus grandes institutions financières dites d'importance systémique. En plus de désavantager injustement les grandes banques comme la sienne, aurait-il encore une fois plaidé, l'ajout de telles contraintes sur le milieu de la finance est le plus sûr moyen de nuire à une économie qui manque déjà de souffle.

Ce n'est pas la première fois que Jamie Dimon épingle un banquier central sur ces questions. Fait rare pour quelqu'un, comme lui, qui a directement accès aux dirigeants de la Réserve fédérale américaine, il s'était glissé cet été dans une période de questions pour interpeller publiquement son président, Ben Bernanke. Le patron de JPMorgan Chase n'est pas le seul à se plaindre des nouvelles règles que l'on cherche à mettre en place pour éviter une répétition du terrible gâchis causé par le secteur financier en 2008. De plus en plus de banquiers et de politiciens osent aujourd'hui remettre ouvertement en cause un resserrement des normes nationales et internationales jugé excessif. On rapportait, cet été, que le secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, aurait lui-même déjà commencé à dire à ceux chargés de traduire sa fameuse réforme financière Dodd-Frank en règles concrètes de mettre la pédale douce pour ne pas nuire à la difficile reprise économique.

samedi, octobre 01, 2011

TPS-TVQ: l'entente est officialisée

Avec l’harmonisation de la TPS et de la TVQ, les grandes entreprises vont pouvoir se faire rembourser leurs «intrants», ce qui pourrait coûter dans quelques années jusqu’à 635 millions de dollars annuellement au Québec. Le critique péquiste en matière de finances, Nicolas Marceau, a dénoncé cet aspect de l’harmonisation comme une «aggravation de nos finances». La TVQ était déjà harmonisée à plus de 95 % avec la TPS, mais Québec a cédé quand même sur ce point, a-t-il critiqué.

En entrevue au Devoir, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a rétorqué à M. Marceau qu’en mars 1997, Bernard Landry avait promis exactement la même chose aux grandes entreprises lorsqu’il occupait le même poste. Dans son discours sur le budget, cette année-là, M. Landry expliquait d’abord devoir renier — en raison du déficit zéro — une promesse faite l’année précédente: «Après avoir soigneusement examiné la situation, j’en suis venu à la conclusion que nous n’avons pas les moyens, à ce moment-ci, d’appliquer cette mesure qui aurait coûté plus de 500 millions de dollars au Trésor québécois cette année», avait-il expliqué. Puis il avait ajouté: «Si, par ailleurs, Ottawa décidait de nous verser notre juste compensation pour l’harmonisation avec la TPS, je reviendrais immédiatement sur cette décision.» Presque 15 ans plus tard, l’entente sur l’harmonisation entraîne la même décision, a expliqué Raymond Bachand. De plus, Québec se trouve contraint d’imiter la province voisine, a ajouté le ministre: «Si le fardeau fiscal des entreprises en Ontario est réduit d’autant, il faut qu’on suive au Québec, sinon, les entreprises d’ici ne seront pas compétitives», a-t-il dit au Devoir.

Premiers ministres heureux
Plus tôt, Jean Charest et Stephen Harper s’étaient présentés dans le hall du parlement pour officialiser la signature du «protocole d’entente Canada-Québec» d’harmonisation des taxes de vente. Par celui-ci, «les parties conviennent de faire de leur mieux pour remplir les engagements pris […] avant le 1er juin 2012», peut-on lire à l’article 2. Aussi, ce n’est que lors de l’exercice financier 2012-2013 que le Québec recevra un premier versement de compensation, de 733 millions. L’année suivante, le plus important montant, de 1,467 milliard, lui sera envoyé.

La TVQ cessera d’être calculée sur les montants de taxes fédérales à partir du 1er janvier 2013, mais le consommateur n’y trouvera pas son compte pour autant. Les Québécois «vont payer exactement le même niveau qu’ils payaient autrefois», a d’ailleurs insisté M. Charest. Le 1er janvier 2012, Québec, en effet, haussera la TVQ d’un point comme il l’avait annoncé dès 2010 et continuera pendant un an de percevoir la taxe sur la taxe. À partir de janvier 2013, afin de ne pas perdre les 700 millions que lui rapportait ce stratagème, le «taux effectif» sera alors de 9,975 %.

Le respect de «deux grands principes» a guidé Québec, a expliqué Jean Charest. D’abord, la reconnaissance du pouvoir de Québec de légiférer sur ces questions et ensuite, l’administration des deux taxes. «Sur ces deux grands principes, le Québec est aujourd’hui satisfait.» Quant à Stephen Harper, il a lancé à son homologue québécois: «Tu sais, Jean, certains vont dire qu’il était minuit moins cinq, d’autres vont dire qu’il était minuit et cinq, mais l’important, c’est que tout le monde va dire: enfin, ils se sont entendus.» Le Québec réclame la compensation depuis 1992.